
Des chercheurs de l’Université de Barcelone ont mis au point un système de réalité virtuelle permettant aux hommes ayant commis un crime de violence domestique de se mettre à la place de la victime. L’étude, publiée dans Scientific Reports, montre que ces personnes violentes ont un manque de reconnaissance émotionnelle et que l’expérience virtuelle améliore la perception des émotions des participants.
Les actes violents envers autrui sont liés à un manque d’empathie ou à la difficulté pour l’agresseur de se mettre à la place de la victime. Bien qu’il existe des études qui prouvent que les personnes violentes éprouvent des difficultés à identifier des émotions telles que la peur ou la rage, il existe des divergences dues à la méthodologie utilisée pour déterminer l’empathie et les problèmes éthiques que ces études présentent.
L’étude publiée dans Scientific Reports propose une nouvelle vision de l’étude de l’empathie et de l’agressivité chez les personnes violentes, car elle permet aux participants d’expérimenter en personne une situation virtuelle de violence du point de vue de la victime. L’étude est basée sur des recherches dans lesquelles, grâce à la réalité virtuelle immersive, les participants reçoivent un corps virtuel qui remplace le leur. «Les corps virtuels peuvent être radicalement différents de ceux du participant, mais même dans ce cas, l’individu est soumis à une forte illusion subjective de posséder le corps virtuel.» Ces illusions ont un impact sur le participant en modifiant ses perceptions, ses attitudes et son comportement.
L’objectif principal de l’étude était de faire des recherches sur certains des mécanismes d’un certain type de comportement violent: la violence domestique. Avant et après la séance de réalité virtuelle, les participants, vingt délinquants et dix-neuf personnes témoins, ont passé un test de reconnaissance émotionnelle pour déterminer si l’expérience changerait leur perception et leur empathie.
Durant la séance, les participants sont entrés dans une atmosphère virtuelle dans laquelle leur corps a été remplacé par celui d’une femme virtuelle, et ils ont subi un processus d’assimilation et d’identification de leur soi virtuel. Puis ils ont vu un homme virtuel qui entrait en scène et affichait un comportement violent, à la fois dans les gestes et le langage, qui prenait progressivement la place de la victime.
Les résultats montrent que les délinquants ont une capacité significativement inférieure à reconnaître la peur dans le visage d’une femme par rapport aux personnes témoins. « Après s’être vu comme la victime, dans la session de réalité virtuelle, la capacité à se rendre compte de cette peur s’est améliorée », a déclaré Sofia Seinfield, première auteure de l’article et chercheuse de l’IDIBAPS.
«Dans cette étude, nous montrons, pour la première fois, que modifier la perspective des agresseurs avec une réalité virtuelle immersive permet de modifier des processus tels que la reconnaissance des émotions et que ces derniers se cachent derrière cette violence», explique Mavi Sánchez Vives, coordinatrice de l’étude. .